Joseph Fouché, Duc d'Otrante (1759-1829)
Auteur : DUBUFE Claude
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
H. : 131 cm
L. : 98 cm
En grand habit de Ministre de la Police générale sous le premier Empire Huile sur toile Historique : collection du duc d'Otrante ; don, 1888
© Photo RMN - Grand Palais
La police de l'Empereur
Date de publication : Janvier 2004
Auteur : Jérémie BENOÎT
Ancien élève des oratoriens, professeur au collège de Juilly puis à Arras où il rencontra Carnot et Robespierre, Fouché fut élu député à la Convention et joua un rôle de premier plan aux côtés de Collot d’Herbois dans la répression de la révolte de Lyon en 1793. Compris parmi les suspects accusés de zèle terroriste par Robespierre le 8 thermidor an II, il passa la nuit du 8 au 9 à rallier les esprits qui œuvrèrent à la chute de l’Incorruptible. Nommé ministre de la Police générale à la fin de l’année 1799 grâce à Barras, il participa activement au coup d’Etat de Bonaparte et conserva son portefeuille sous le Consulat. Incontournable depuis l’affaire de la « machine infernale », il demeura ministre durant l’Empire. Ayant mis au point des méthodes d’investigation redoutables, maître absolu dans le domaine des renseignements et des tractations souterraines, Fouché obtint le ministère de l’Intérieur en 1809, tout en conservant la Police. Mais en raison de sa trop grande puissance occulte, Napoléon se ravisa et lui enleva ses ministères tout en le faisant duc d’Otrante. Très surveillé, il put cependant entrer en relation avec le comte d’Artois, mais sans succès. Frappé d’exil à la Restauration malgré ses manœuvres, il mourut à Trieste en 1820.
C’est le duc d’Otrante qui est représenté dans ce portrait officiel. Il porte le manteau de cour orné des plaques de grand-croix de la Légion d’honneur et de l’ordre de Léopold II d’Autriche, décoration qui n’échut par ailleurs qu’à Talleyrand. Ce portrait d’un homme secret, dont le faciès trahissait les idées, vaut avant tout par la psychologie du modèle.
Ce tableau pose problème. Dans la série des portraits de ministres peints pour Compiègne, celui de Fouché était l’œuvre de René Berthon. Or la toile a disparu. En examinant ce tableau de Dubufe, on remarque que tout le fond a été repeint, cachant une tenture et des meubles. A-t-il été restauré après un accident qui aurait nécessité de couper les jambes du modèle ? C’est possible. Quoi qu’il en soit, le tableau a été donné à Versailles comme un Dubufe. Mais on imagine mal que le jeune Claude, né en 1790, ait obtenu une telle commande. S’agit-il alors du portrait de Berthon remanié ?
L’Oratoire, par l’intermédiaire du cardinal de Bérulle, ami de l’abbé de Saint-Cyran, avait été l’un des premiers foyers jansénistes au XVIIe siècle. Son hostilité à l’absolutisme royal a perduré au siècle suivant. Fouché en fut élève, ce qui explique sans doute en partie son ralliement rapide à la Révolution française, qui devait lui apparaître comme une occasion de revanche pour tous ceux qui avaient été exclus du système absolutiste. C’est peut-être ce rapport originel au pouvoir, encore accentué par les dangers encourus pendant la Terreur, qui forgea l’esprit si particulier de Fouché, lequel transparaît si nettement dans les traits de son visage.
Louis MADELINFouché 1759-1820Paris, Fondation Napoléon-Editions du Nouveau Monde, 2000.Jean TULARD (dir.)Dictionnaire NapoléonParis, Fayard, 1999.Jean TULARDJoseph FouchéParis, Fayard, 1998.
Jérémie BENOÎT, « La police de l'Empereur », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 04/05/2024. URL : histoire-image.org/etudes/police-empereur
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